Après le voyage - Bilan

Quelques mots sur l'itinéraire

Pas de difficultés particulières en France, en Espagne et au Maroc jusqu'à Agadir et même Laayoune.
Au-delà sur les cartes c'est le désert mais en réalité il y a régulièrement des stations services qui vendent du carburant et font aussi restaurant et épicerie En partant de Laayoune vers le sud, on trouve :

    - Km 110 : Lemsid, c'est une station service classique avec une mosquée et un petit groupe de maisons neuves.
    - Km 190 : Boujdour. C'est une vraie ville avec hôtels, restaurants…
    - Km 330 : Station service
    - Km 470 : Station service
    - Km 490 : PK 40 une station service à 40km de Dakhla
    - Km 530 : Dakhla, une vraie ville

En repartant de Dakhla vers le sud :
    - Km 40 ( PK 40) : Station service
    - Km 76 : Station service
    - Km 170 : Station service
    - Km 330 : Station service
    - Km 380 : Frontière entre le Maroc et la Mauritanie

Le contrôle côté marocain est presque moderne, l'ensemble des formalités se fait dans un seul bâtiment où sont regroupées la police et la douane. La piste entre les deux frontières est caillouteuse et aussi sablonneuse, on peut y passer avec une voiture de tourisme et des guides attendent le touriste pour le conduire s'il en sent la nécessité. Le visa mauritanien peut s'y acheter rapidement au même prix qu'à Casablanca même si le poste de police reste folklorique.

En Mauritanie la route entre Nouadhibou et Nouarchott est terminée et goudronnée mais c'est 450km hors de toute agglomération, c'est facile pour l'automobiliste mais difficile pour le cycliste car il n'y a pas de ravitaillement.

Nous avons pris le train minéralier entre Nouadhibou et Choum. Départ vers 15 heures pour 600km effectués en 11 heures. Nous sommes montés dans les bennes qui servent au transport du minerai de fer car dans l'unique wagon pour les voyageurs la place de nos vélos n'était pas garantie, il aurait peut-être fallu donner un billet à l'agent chargé de la vente et du contrôle au moment du départ. Il y a pas mal de monde dans ces bennes, c'est sympathique mais il faut quand même surveiller ses bagages. L'arrivée à Choum se fait vers 1h du matin, on dirait un arrêt en rase campagne et il faut donc se renseigner auprès des mauritaniens. Monter et descendre des bennes se fait correctement à condition de ne pas être seul. Nous étions trois pour faire la chaîne, un au sol, un autre dans la benne et le troisième en équilibre sur le rebord de la benne. Nous nous sommes fait passer les sacoches puis les vélos.

La piste entre Choum et Atar est très belle mais comporte de nombreux passage de sable très difficiles à négocier à bicyclette. Des 4x4 attendent les voyageurs mais il faut discuter fermement les prix et décider au préalable ce que l'on est prêt à payer. Pour nous le véhicule restant était trop gourmand et demandait 100 euros pour les trois cyclistes. En cherchant un coin pour dormir et attendre le jour nous avons rencontré un camion qui nous a pris sur son chargement pour 7€ chacun. Le camion a mis 5 heures pour effectuer les 110km qui séparent les deux villes. Entre Atar et Nouarchott on retrouve le goudron mais la zone est relativement désertique et la chaleur est importante car on est loin de la mer.

A partir de Atar :

    - Km 40 : Ain Attaya , ravitaillement possible en carburant et nourriture.
    - Km 180 : Akjoujt , essence, hôtel, ravitaillement, campement. (Entre Atar et Akjoujt nous avons dormi dans le désert à 50m de la route, c'est une zone inhabitée et on peut dormir n'importe où).
    - Km 300 : Al Asma , campement très agréable et ravitaillement.
    - Km 445 : arrivée à Nouarchott où le campement Ménata est très accueillant au touriste français.

Pour arriver à la frontière avec le Sénégal la ville de Tiguent offre tout ce qui est utile au voyageur. L'accueil à Rosso est sportif avec beaucoup de jeunes qui cherchent à se rendre indispensables. Il faut les éviter avec le sourire sans rien leur demander. Un hôtel un peu cher est situé en arrivant en ville sur la droite. Le bac pour traverser le fleuve est gratuit pour le cycliste et payant pour le vélo. La police mauritanienne est à l'intérieur du port, elle tamponne les passeports rapidement et ne demande rien pour les devises alors que les guides indiquent une déclaration obligatoire à l'entrée et un contrôle à la sortie.
Les formalités à l'entrée au Sénégal sont tranquilles même si elles sont suivies de plusieurs contrôles en sortant du port.

Conditions de circulation

De Gap à Dakar le goudron est présent sur la totalité de l'itinéraire. Les routes sont bonnes sauf 7km de piste entre le Maroc et la Mauritanie et quelques kilomètres de goudron quelconque de part et d'autre de la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, mais rien de très difficile pour un cycliste. Pour moi la partie la plus difficile a été l'Espagne où j'ai suivi la côte méditerranéenne par la nationale 340. Au mois de septembre la chaleur y est encore importante et dans certaines zones les montées se succèdent à un rythme soutenu. Il y a souvent beaucoup de voitures et de camions mais la route a en général une bande goudronnée en plus des voies de circulation et le cycliste y est en sécurité relative.

Au Maroc l'accueil est toujours sympathique, si on demande avec le sourire on peut faire beaucoup de photos sans que personne ne demande de l'argent, nous avions chacun un paquet de cigarettes que les adultes acceptaient volontiers en cadeau. La circulation y est en général fluide sur des routes en bon état. Au-delà de Tan Tan il faut se méfier des camions de poissons qui remontent vers le nord à des vitesses souvent trop importantes. C'est dans ces conditions que j'ai été accidenté par une voiture surprise par l'arrivée d'un camion au moment où elle allait me doubler. Heureusement pour moi elle m'a arraché les sacoches gauches sans me toucher directement. Je suis passé par l'hôpital de Laayoune où les radios ont fini par me rassurer. La police marocaine a été rapide et efficace et je tiens à la remercier.

En Mauritanie la circulation est faible sur des routes en bon état.

Au Sénégal il faut se méfier des minibus qui fument noir et redémarrent au nez du cycliste qui arrive. Gilles y a été accidenté par un véhicule en train de le doubler et surpris par un camion qui arrivait en sens inverse. Les conséquences n'ont pas été dramatiques car là encore le véhicule accrocheur n'allait pas vite.

Entre Thiés et Dakar la circulation est très importante et nous nous sommes arrêtés plusieurs fois dans le bas-côté lorsque la situation était un peu trop chaude.

Ravitaillement et logis

Au départ l'itinéraire est tracé mais aucun découpage n'est fait. Je pars avec l'idée d'effectuer une centaine de kilomètre par jour, peut-être moins, peut-être plus. Dans la réalité les étapes iront de 70 à 150km.

Pour chaque pays sauf la France et la Mauritanie j'ai un guide du routard qui me donne des renseignements sur les hébergements possibles. Chaque soir j'étudie l'étape du lendemain en notant les campings situés entre 80 et 120km et le lendemain je gère en fonction de la forme, de la température, du profil de l'étape, des rencontres et de la météo. Quelques fois je termine à l'hôtel pour éviter de trop allonger une étape.

J'ai toujours trouvé à me loger, plus ou moins facilement suivant les jours, en camping le plus souvent, mais aussi à l'hôtel, chez l'habitant, dans des campements, des stations services et quelques fois en camping sauvage. Chaque soir il faut rester zen et ouvert à toute proposition, pour nous les nuits dans le désert ont toujours été choisies et prévues dés le départ de l'étape.

Au-delà d'Agadir le ravitaillement doit s'organiser sérieusement car les épiceries deviennent rares et distantes. Mais les longues étapes désertes ne sont jamais une surprise et il suffit de charger le vélo. Les sardines, le pain, les biscuits secs, les " vache qui rit " et autres oranges se conservent bien sous un volume peu important.

L'eau pour la boisson est un autre problème. Avec le soleil et la chaleur il faut s'obliger à boire régulièrement, de 4 à 8 litres chaque jour. Si on doit dormir dans le désert faute de rencontrer une ville on peut partir avec 15 litres d'eau. Nous avons toujours trouvé et bu de l'eau minérale, nos pastilles et autres " vaches à eau " n'ont pas été utilisées.

Pour la toilette nous n'avons pas de stock. Suivant l'hébergement elle se fait avec une baignoire, une douche, un seau, un litre donné par le gérant d'une station service et même rien pour une nuit dans le désert. Là encore il faut s'adapter à toutes les situations sans idée préconçue et exigence impossible à satisfaire localement.

Le matériel

Au départ j'ai fait le choix de partir léger ce qui se traduit par une tente sarcophage, un matelas auto gonflant de 125cm et 350 grammes, un petit duvet et pour manger une cuillère, une fourchette, un couteau et pas de réchaud. Pour un prochain voyage je prendrai une tente igloo plus grande pour contenir facilement le cycliste et ses bagages et un réchaud pour avoir un peu plus de facilités pour manger car les repas froid c'est rapidement difficile à supporter. Sur le vélo la répartition du matériel est la suivante :

Sacoche de guidon :
    - frontale et produit contre le soleil
    - couteau réparation et couverts
    - appareil photo
    - sacoche contenant les papiers et l'argent
    - carte de la région
Sacoche avant gauche :

    - pneu et pièces de rechange
    - pompe à vélo
    - pharmacie
    - 2 vaches à eau
Soit 2,2kg
Sacoche avant droite :

    - 2 vaches à eau
    - cape de pluie et coupe vent
    - polaire et casquette
    - PQ
Soit 1,7 kg
Sacoche arrière gauche :

    - habits pour 1,8kg
    - chaussures de ville
    - la nourriture
    - Duvet
Soit 3,5kg
Sacoche arrière droite :

    - Matelas
    - Drap en soie
    - Trousse de toilette
    - Cartes et guides
Soit 3,9 kg
Le porte-bagages arrière porte la tente soit 2,3kg. A partir de Tan Tan il portera un sac de voyage contenant la tente et plusieurs bouteilles d'eau de 1,5 litre

Les Finances

Je suis parti avec une carte bleue ordinaire où j'avais fait doubler les droits de tirage pour une période de deux mois.

En France et en Espagne la vie est relativement chère, une nuit en camping coûte de 8 à 15 € et un repas au restaurant de 10 à 15 €. Cette partie du voyage a duré 20 jours et j'ai dépensé 1100€ en comptant 3 nuits à l'hôtel et le ferry pour traverser le détroit de Gibraltar.

Au Maroc, en Mauritanie et au Sénégal le niveau de vie est plus faible, les dépenses aussi. En 55jours j'y ai dépensé 1300€ avec un budget important pour l'achat d'eau minérale, de l'ordre de 5€ par jour.

Le retour en avion entre Dakar et Marseille a coûté 450€ y compris le transport du vélo.

Finalement pour 11000km en 75 jours j'ai dépensé 2850€.

Pour terminer…

Quelques lignes copiées sur le blog de Gilles .C'est une invitation au voyage que je partage totalement

" Vous imaginez un tour de monde à bicyclette où une escapade d'une semaine dans une de nos belles régions Françaises ? Arrêtez de rêver et partez. Votre travail ? Partez. Trop de responsabilités ? Partez. Vous vos sentez trop vieux, trop pauvre, trop timide ? Partez. Rejetez toutes les excuses.
Le plus grand défi lancé à l'aventurier potentiel est l'inertie, de désir de rester dans son coin, de ne rien bouleverser. Libérez-vous de ce comportement et l'aventure sur roues deviendra facile, qu'il s'agisse d'une balade d'une journée où la traversée de l'Australie.
La vie ne vous attendra pas. Programmez votre expédition dès maintenant. Vous ne le regretterez jamais. "
EXTRAIT DU GRAND LIVRE DU VELO