Jour 45 1 septembre

Samedi 1 septembre, 64 km

Saint Lambert.
A mon réveil vers 6 h le ciel est bouché et rapidement il commence à tomber une petite pluie. Je plie rapidement ma tente pour la garder sèche et je prends mon petit déjeuner à l’abri d’un arbre.
Un détour par Scott me permet quelques courses, des pâtes, du pain, du café, du fromage et des bananes.
Lorsque j’arrive au camping de Saint Lambert j’ai fait 20 km et la pluie semble terminée.
Installation du camp, un café et quelques tartines et je suis prêt pour pédaler. Entre deux ponts sur la rivière Chaudière j’ai fait 40 km dans une région agricole qui se nomme La Beauce. J’ai vu des champs de houblon, des élevages de poulets et un marché aux bestiaux. Les bêtes à vendre arrivent par lots de 1 à 4 animaux, un écran affiche les caractéristiques du lot et un speaker annonce des prix en descendant. Lorsqu’  un acheteur lève la main le lot est pour lui. Une quinzaine de spectateurs et 6 acheteurs sont présents. Tout va vite, un lot par minute.
Hier et ce matin j’ai vu et entendu de nombreuses oies, posées sur la rivière ou en vol. Dans le ciel leur formation en V est impressionnante, comme sur l’eau elles font beaucoup de bruit avec un cri caractéristique.
Demain je reste dans le même camping mais la météo est pessimiste. Peut-être un jour de repos …

Jour 44 31 août

Vendredi 31 août, Scott. 61 km

Journée sur mon vélo. Lever avant le soleil, il fait froid et humide. Mais rapidement le soleil sort et tout s’arrange. Ma tente est mouillée de rosée mais un bon café lui laisse le temps de sécher.
Jusqu’au pont de Québec je roule sur une piste cyclable au ras de l’eau avec de belles vues sur la ville. Au niveau du pont la circulation est  chargée mais avec les feux je franchis sans encombres carrefours et autoroute.
Je suis dans la Vallée de la rivière Chaudière.
Une très belle piste cyclable puis les sur-largeurs de la route 175 me conduisent à Scott. Le camping me donne une superbe place au ras de l’eau mais le camping est complet demain soir. Au Canada lundi est jour férié, c’est la fête du travail. C’est un weekend élargi et avec le beau temps…
Avec mon téléphone je viens de réserver pour deux nuits dans un autre terrain à 10 km d’ici. Et lundi soir le weekend sera terminé.
J’ai retrouvé le soleil avec plaisir et la rivière Chaudière est belle.

Jour 43 30 août

Une belle journée de vélo sur une piste cyclable où les cyclistes sont nombreux. Il a plu une partie de la nuit, à mon réveil le ciel est bouché et il tombe une petite pluie. Par intermittence elle va durer jusqu’à midi avant le retour du soleil. Je me suis bien fait mouiller le matin, mais en arrivant au resto à 14 h 30 je suis sec. Après 24 h de pluie le soleil est le bienvenu. En arrivant au camping l’herbe et ma tente sont sèches.
J’ai roulé dans une campagne agricole et boisée. De l’herbe, du soja et du maïs. Dans les bois, mélange de résineux de bouleaux et d’érables, j’ai vu des installations qui servent à récolter la sève d’érable qui donnera le sirop. Chaque arbre est branché à un tuyau qui s’écoule dans un autre tuyau en pente qui va d’arbre en arbre. Sur un « pipe-line  » il peut avoir une trentaine d’arbres branchés.
Hier j’ai discuté avec un cyclo canadien qui termine la traversée depuis Vancouver qu’il avait commencée l’an dernier. Il pense aller jusqu’à Terre Neuve et fait des étapes souvent supérieures à 100 km. Il a 60 ans et lorsqu’il m’a demandé mon âge il m’a dit qu’il avait encore un bel avenir de cycliste.
Un bon moment.
 
 

jour 42 29 août

Mercredi 29 août,  Lévis 45 km

Cette fois la météo a eu raison, je suis sous la pluie, mais à l’abri sous ma tente.
Ce matin le soleil brillait mais rapidement le ciel s’est chargé et j’ai eu une première averse vers 11 h. Mais ma tente était déjà montée et mes bagages à l’abri.
Je suis allé faire des courses et j’ai trouvé du gaz. L’Office de tourisme de Lévis m’a donné des renseignements sur les deux pistes cyclables proches d’ici. Demain ma tente ne bouge pas et je fais un aller et retour sur la cyclo-route Bellechasse qui s’annonce plate et asphaltée.
La pluie redouble d’intensité et la météo locale annonce un risque de vent et d’orage.
Ici il n’est que 14 h, la sieste me tend les bras.

Jour 41 28 août

Mardi 28 août, 57 km

Saint Michel de Bellechasse.
Journée banale avec fort vent de face. Hier la météo annonçait de la pluie pour aujourd’hui, ce matin le ciel était noir et j’ai hésité pendant une heure avant de partir. Je n’ai pas eu de pluie, la météo l’annonce pour demain. Je suis bien installé pour la nuit dans un camping qui offre à côté de ma tente un grand abri couvert où j’ai aussi une table et deux fauteuils. Le confort total.
En circulant, devant des magasins ou des ateliers, je vois souvent des annonces qui proposent des emplois. Le Québec va bientôt voter et ce problème fait partie du débat. Le taux de fécondité est actuellement de 1,5, les générations ne se renouvellent pas. Un parti propose d’augmenter le nombre de migrants accueillis chaque année au Québec. Il les souhaite quand même francophones et formés à un métier. Un autre parti veut modifier les allocations familiales. Elles sont actuellement de 2400 dollars par an pour le premier enfant et de la moitié pour le deuxième et le troisième. Le quatrième n’est pas envisagé ! Le parti propose de mettre 2400 dollars par an pour chaque enfant. Par contre je n’ai rien vu sur la santé.
Les Canadiens sont heureux de discuter avec un Français. La dame de l’accueil du camping m’a fait lire dans le journal local un article venant du Monde sur la déclaration du pape François à propos de l’homosexualité.
Je suis pratiquement arrivé à Québec et la marée se fait toujours sentir avec une variation de niveau d’environ un mètre. C’est à l’amont de Québec que le Saint Laurent redevient un vrai fleuve.
 

Jour 40 27 août

Lundi 27 août, 55 km. L’Islet sur mer.

Hier soir j’ai partagé la soirée avec un couple de Canadiens autour d’un saucisson local et d’une bouteille de vin pétillant. Pour eux le Québec n’est pas le Canada et il doit devenir indépendant. En regardant TV5 Lisette se dit choquée par tous les mots anglais qu’elle entend. Elle pense que nous Français ne défendons pas bien notre langue. Ils sont photographes professionnels tous les deux et elle vient souvent en France et affirme que ses confrères français payent beaucoup trop de taxes sur les salaires. J’ai essayé de défendre notre sécu et notre système de retraites.
Un bon moment qui s’est terminé par quelques photos que Paul m’a immédiatement envoyées.

Je me suis couché à 21 h mais ce matin je me suis réveillé vers 5 h comme d’habitude après une bonne nuit.

Encore une étape face au vent mais aussi sous le soleil. 15 km d’une vraie piste cyclable et le reste sur la 132 où la circulation reste faible.

J’ai cassé un câble de dérailleur, plus possible de changer de vitesse. Depuis l’achat de mon vélo je transporte deux câbles de frein et deux câbles de dérailleur et pour la première fois en quatre voyages l’un a été utilisé. J’ai bataillé pendant une heure pour réussir à enlever le vieux câble au niveau de la manette mais j’ai réussi et retrouvé la majorité de mes vitesses Pour les derniers réglages je me suis arrêté chez un réparateur. Il a réglé et huilé le dérailleur, gonflé les roues. Mon vélo est prêt pour faire 2000 km de plus…
Hier soir j’ai demandé à Lisette et Paul où remontait l’eau salée dans le fleuve. La situation évolue car les Américains pompent de plus en plus d’eau dans les grands lacs partagés entre les deux pays. Le niveau des lacs baisse et le débit du Saint Laurent diminue et l’eau salée remonte de plus en plus haut dans le fleuve. Lorsque les gros bateaux arrivent dans l’eau douce ils s’enfoncent de 30 à 40 cm de plus. Voir Archimède pour l’explication. Ils m’ont aussi confirmé que la mer ne gelait plus à Percé. La route aujourd’hui était souvent au bord du fleuve, les perspectives sont belles et le vent souffle sans obstacle. Cette courte étape m’a fait du bien, c’est un peu comme une journée de repos. J’ai eu le temps de faire de la mécanique, de prendre une douche, de faire une lessive et de monter ma tente. Et à l’instant je suis face à la mer avec une bière bien fraîche…

Jour 39 26 août

Dimanche 26 août, 75 km

Rivière Ouelle.
70 km vent de face, ça forge le caractère mais ça fatigue le cycliste. Il faut vivre l’instant présent sans se projeter sur tout le chemin qui reste à faire. J’en viens à aimer les maisons plantées au bord de la route car elles me protègent du vent. Le ciel est resté couvert mais je n’ai pas eu de pluie.
Le camping de Rivière Ouelle a un prix spécial cyclistes et un coin pour eux avec un bel abri fermé sur trois côtés par des vitres. On y trouve l’eau et l’électricité, une table et trois fauteuils. Le Luxe. Je m’y suis installé pour goûter et j’y fais mes écritures du soir.
La route d’aujourd’hui était souvent au bord de la mer et la circulation est restée faible.
Je ne vois plus l’île au milieu du fleuve et il tombe quelques gouttes, mais rien de méchant pour le moment.
Mes étapes sont toujours plus longues que prévues. Aujourd’hui par exemple j’ai cherché un resto à midi et le camping est au bord de la mer à 5 km du village. Et demain matin ces 5 km s’ajouteront à l’étape prévue…

Jour 38 25 août

Samedi 25 août, Rivière du Loup, 87 km

Une étape tranquille même si sur la fin j’ai un peu forcé face au vent et n’ai mangé qu’à l’étape. J’ai sauté un arrêt casse croute, c’était une erreur. Pour demain j’ai renouvelé mes provisions.
Il est étonnant comme les longues montées de l’aller deviennent de courtes descentes au retour…
En ce début de weekend les cyclistes sont nombreux avec parfois des vélos avec assistance.
J’ai discuté un moment avec une jeune Canadienne. Elle arrivait de Vancouver, 5000 km en 80 jours. Parti le 2 juin elle a vu tomber la neige et a eu très froid. Chapeau !
J’ai fait 250 km en 3 jours, demain j’essaie de raccourcir un peu.

Jour 37 24 août

Vendredi 24 août, lac Temiscola, 73 km

Longue balade en aller et retour sur la rive ouest du lac. La piste cyclable est toujours la même, non revêtue mais en bon état. De belles vues sur le lac dont les rives sont partiellement habitées en dehors des villages. Quelques écureuils et beaucoup de cyclistes souvent en vélos de route.
Malgré les prévisions de la météo le soleil est resté voilé mais pour le moment le temps ne semble pas virer à la pluie.
Aujourd’hui pas de déplacement du camp, le temps gagné a permis une sieste. Ce matin à mon réveil à 5 h il faisait encore nuit. Les jours raccourcissent.
Demain retour vers le fleuve.

jour 36 23 août

Jeudi 23 août, Temiscola, 87 km

Une superbe étape commencée difficilement en cherchant le début de la piste du Petit Temis. 8 km de montée dans Rivière du Loup avant de trouver le panneau qui annonce la piste.
Ensuite 80 km hors de toute circulation sur une vraie piste cyclable établie sur l’emprise d’une ancienne voie de chemin de fer. Je suis monté à 300 m d’altitude mais calmement car la pente ne dépasse jamais 4%.
Forêts, lacs, belvédères se suivent. J’ai pris de l’eau à une source, vu quelques cyclistes et 2 perdrix.
Je suis installé sur la rive du lac Temiscola pour 2 nuits, demain je fais un aller et retour au bord de l’eau.
Ce matin le ciel était encore chargé, mais un fort vent du nord, favorable pour moi, a fait le ménage. A midi j’ai mangé sur mes provisions car je n’ai rien trouvé. Ce soir à 17 h je viens de me rattraper avec un cheesecake burger frites arrosé par une bière pression.
Ce soir je termine ma cinquième semaine de vélo avec seulement 378 km, mais je n’ai pédalé que 5 jours.