Il est 15h et je rentre d’une visite au camp palestinien de Dheishe et à l’association IBDAA.

Mon déplacement vers Bethléem s’est effectué en bus et je suis entré et sorti de la ville en passant le check point.

C’est facile à l’aller car on sort d’Israël. Le passage se fait à pied, les militaires israéliens sont totalement isolés de nous derrière des grillages et d’épaisses vitres. Pour ce premier passage il suffit de montrer face à la vitre nos papiers d’identité. Pour les Palestiniens le garde pianote sur un ordinateur et ils passent en 30 secondes. Pour moi c’est encore plus rapide, aucune vérification, c’est presque sympathique mais je suis quand même un peu tendu et peu sensible à cet accueil.

Au retour c’est plus lourd car cette fois on entre en Israël. Les bagages passent aux rayons X et le bonhomme sous un portique. Avec moi la militaire s’énerve, elle me parle puis crie mais comme c’est en VO je ne comprends rien et continue à avancer, Je m’arrête lorsqu’elle commence à hurler et je m’aperçois que je suis passé à cote du portique. Je recule, elle se tait, je passe sous le portique et tout va bien. Premier épreuve réussie. C’est ensuite le contrôle des papiers. Comme ça traîne un peu des palestiniens commencent à s’énerver et poussent énergiquement une porte qui finit par s’ouvrir sur une pièce où un militaire nous regarde derrière sa vitre. Il ramasse les papiers et on sent que ça risque de durer mais à la vue de mon passeport il me fait signe de continuer, pour moi aucun contrôle et je ne connaîtrai pas la suite pour les Palestiniens.

Le mur est impressionnant, haut, massif, aride. Dans la ville il passe au ras des maisons et sert de toile pour les tagueurs locaux avec souvent des slogans politiques du genre « des ponts pas des murs ».

L’accueil au camp est très chaleureux, j’ai pu voir et photographier tout ce j’ai voulu sans aucune contrainte. A la réception c’est Suha qui me reçoit et annonce mon arrivée. Shadi me prend ensuite en charge avec deux Américaines pour nous donner l’histoire du camp depuis 1948 et les grandes dates de la vie de l’association IBDAA. Mon pauvre anglais a rapidement été dépasse par le flot d informations mais on peut les retrouver sur le site www.ibdaa194.org . Bon courage à tous !

Shadi nous fait ensuite visiter le camp : 11000 personnes dont 6000 enfants. Toute la place est occupée par des maisons qui, si elles sont en général inachevées, ont l’air relativement solides. Par contre les rues sont très étroites, en général une voiture ne peut pas y passer. Le seul terrain de jeu des enfants est cette rue car il n’y a pas de terrain vague ou de surface libre. Il reste quelques maisons construites à l’origine du camp, époque où chaque famille avait une pièce pour vivre.

Areej m’a ensuite fait visiter les locaux de l’association et en particulier un nouveau bâtiment. Il permet de développer toutes les activités culturelles et sportives en passant par un atelier de confection pour les femmes et une équipe de basket féminin. Une partie importante sert a une nursery et des classes pré-élémentaires où je suis reçu avec beaucoup d’agitation et un chant et je provoque une grande pagaille car tout le monde veut être sur la photo.

C’est Shadi qui nous a développé le côté politique de la situation. Les réfugiés vivent toujours dans le souvenir des villages dont ils ont été chassé en 1948 à la création de l’état d’Israël. Les noms de ces villages s’inscrivent dans les couloirs et sont sur les portes plutôt que des numéros.
La première intafada a fait 28 martyres dans ce camp, pas 28 morts. Le camp a alors été enfermé dans un mur et il reste en témoignage le tourniquet de la porte d’entrée. La seconde intifada a fait 32 victimes et beaucoup d’hommes sont toujours en prison en Israël, parfois depuis plus de 30 ans.

Pendant notre visite du camp on entend des hélicoptères dans le ciel. Immédiatement Shadi les repère les compte, nous les montre et nous dit que s'ils volent c’est à la recherche d’une cible au sol, ils ne volent jamais sans raison.

Dans le camp tous vivent avec l’espoir de retrouver un jour le village de leurs parents et ils ont refusé les accords d Oslo car ils ne parlaient pas du droit au retour des Palestiniens. La paix me semble alors très très loin.

Comme vous le voyez mes journées sont bien remplies et je suis un peu crevé par tous ces déplacements et ces émotions.

Ce soir je rencontre le père Michaël directeur de la maison d’Abraham pour essayer de comprendre un peu mieux une situation très complexe et demain soir je suis invité par une famille palestinienne, merci Pascal Huissoud et Gilles Marty.
Amitiés à tous
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Pour arriver au check point DSCF5583.JPG
souvenir de l'IntifadaDSCF5532.JPG

DSCF5533.JPG Le camp de DescheDSCF5536.JPG
DSCF5537.JPG Repérage des rues par l'armée israélienne au cours de l'intifada






Visite du nouveau bâtiment de l'association IBDAADSCF5547.JPGDSCF5570.JPGDSCF5575.JPGDSCF5581.JPGDSCF5559.JPGDSCF5573.JPG