C’est mon dernier message depuis la Palestine.

Départ à 6h15 car je ne veux pas rater ce dernier rendez vous à Ramallah. En traversant le vieux Jérusalem j’achète deux pains au sésame pour mon petit déjeuner. Le bus 18 part de la gare routière à côté de la porte de Damas et j’ai un peu de mal à le trouver. Départ vers 7h. Pour sortir la circulation est fluide mais dans l’autre sens c’est un énorme bouchon.

Rapidement le bus est sur de petites routes tortueuses le long du mur. Passage d'un check point sans difficulté. Le bus ralentit fortement car les chicanes sont serrées mais personne ne s’avance pour nous contrôler. Ensuite nous circulons sur de petites et mauvaises routes très différentes des autoroutes qui conduisent aux colonies. Arrivé au centre de Ramallah je demande à une jeune palestinienne et elle me conseille de prendre un taxi pour me rendre à mon rendez-vous, 10 shekels maximum me dit-elle. C’est le prix qui m’est demandé. Le chauffeur accepte de téléphoner à Issa mon contact ici. En fait mon chauffeur s’est trompé de banque et je dois prendre un nouveau taxi pour arriver à la banque de Palestine. 15min après on m’interpelle, « Claude » ? , c'est l’envoyée d’Issa et je suis arrivé car l’Union des Fermiers Palestiniens se trouve à 100m.

L’accueil dans les bureaux est très chaleureux, tout le monde vient me dire bonjour. On me propose un café et Issa arrive, lorsqu'il dit que je suis venu a vélo, je suis l’attraction pendant quelques minutes. Dans la maison il y a aussi deux jeunes français, Claire qui fait son projet de fin d'études à sciences po sur le développement de l’huile d'olive en Palestine et Thomas qui travaille ici après deux ans de coopération.

La maison grouille d’activité et avant de s’occuper de moi Issa participe à une réunion de coordination sur un projet.

Une fois de plus j'ai de la chance, Issa parle français et il est le jeune directeur de PFU, Palestinian Farmer Union.

Un groupe de sept personnes de l’association France Palestine Solidarité arrive, je vais partager leur journée.

Issa commence, les relations avec l’AFPS ont commencé avec le groupe des Alpes de Haute Provence à Tulkarem. Maintenant le projet s'étend à toute la Palestine. Il a un but économique produire une huile d'olive de qualité pour l’exportation, mais aussi social car le producteur reçoit 30% du prix de vente ce qui est très bien pour lui.

Thomas supervise le programme oléicole de PFU et AFPS 68 à Kuffer. L’huile aide à redonner une image positive de la Palestine, elle permet de défendre des terres qui sont cultivées et les AFPS ont en France un rôle d'information et d'action politique.

- Issa : le PFU se développe rapidement passant de 5 à 25 personnes en 4 ans. Les aides apportées au PFU ont permis de démarrer au niveau professionnel et d’avoir une image positive, c’est un syndicat professionnel et un objet de développement.

- Thomas : l’aide extérieure a permis au PFU de devenir indépendant et de lancer de nouveaux projets.
Le PFU coopératives travaille avec 57 coopératives huile, raisin, dattes, légumes, élevage...

Actuellement il n'y a pas de crédit agricole en Palestine et le PFU monte un projet de banque coopérative qui commencera par faire du micro crédit. Le projet oléicole vise un développement économique mais aussi organisationnel pour arriver à peser sur les structures au niveau national. Le développement de la solidarité entre les producteurs est important, on vise à les rendre autonomes et capables de développer leurs propres organisations de syndicats professionnels et autres.

Le travail a commencé avec 4 coopératives oléicoles, 25 sont maintenant dans le projet. L'organisation simple au départ devient de plus en plus complexe, on commence par améliorer la qualité de l’huile puis on travaille sur les vergers et on essaie de réguler la production. Pour la commercialisation on responsabilise les coopératives pour qu’elles deviennent interlocuteurs des acheteurs. Devant le succès de l’action c’est maintenant les agriculteurs qui viennent voir le PFU.

Pour rester sur son vrai terrain le PFU développe des partenariats, la faculté de Beetlhem travaille sur l’organisation. On essaie de créer un institut de normalisation ...

Pour travailler mieux on a défini trois composantes : technique, commerciale et organisationnelle. Le but et de progresser dans chaque composante en ayant à terme des techniciens locaux palestiniens.

Un peu de technique oléicole :

Pour avoir une huile de qualité il faut quatre conditions :

  • cultiver sans engrais chimiques
  • récolter les olives à la main sans gaulage, il y a moins de feuilles et les olives ne sont pas abîmées
  • mettre les olives dans des caisses et non dans des sacs
  • presser les olives dans les 24h. Avant chaque propriétaire presse ses olives une fois par semaine, maintenant on met chaque jours les récoltes en commun
  • stocker l’huile dans des cuves en inox

Le PFU travaille aussi à la régénération des vergers.
On ne veut pas planter de nouveaux oliviers mais améliorer ce qui existe tout en restant palestinien : verger extensif et pluvial, donc non irrigué.

Il est aussi fait des démonstrations de taille.

Le PFU refuse de travailler avec des organisations américaines car leur soutien est toujours soumis à des conditions, signature d'un contrat antiterroriste et choix des projets avec l’accord d'Israël.

La situation économique difficile fait que beaucoup de gens sont pluriactifs. La Palestine évoluera avec l’union de tous les Palestiniens et l’aide de l’étranger.

Je m’aperçois que le compte-rendu de ces trois heures de réunion est très long mais j’espère qu 'il montre un peu la force et la richesse du travail qui est fait ici.

Après un repas pris sur le pouce et en commun, avec force discussions nous sommes partis visiter un moulin et des vergers.
C’est pour moi l’occasion de traverser la Palestine jusqu’à Naplouse, de voir quelques kilomètres de mur, quelques contrôles, Ariel une immense colonie et des vergers d’oliviers qui par endroits couvrent totalement les collines. Le moulin visité est moderne, nous assistons pendant deux heures à toutes les phases de l’extraction de l'huile et nous terminons par une dégustation.

Etant à 100km de Jérusalem je décide de rentrer avec le taxi qui nous a amenés de Ramallah et je fais bien car entre taxi bus barrages et marche à pied j'arrive à la maison d'Abraham après 19h. Trois heures pour faire 100km, en Palestine occupée c'est presque rapide.

Comme vous le voyez cette dernière journée a été bien remplie. Mes bagages sont bouclés et dans 24h je serai en France. Cette fois c'est la fin du voyage.

Merci a tous ceux dont j'ai lu les messages sur Internet, certains jours ils m'ont aidé à avancer.

Claude

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Ramallah
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Le PFU présente son action
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olives en caisses et en sacs
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le moulin
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lavage des olives
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Un agriculteur emporte son huile

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Jérusalem
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